Dans cet épisode de La Cave, Pierre Ségalen raconte comment il est passé du monde salarié à la création de sa propre entreprise, Douze. Entre missions en ESN, expériences en startup et gestion de projets clients exigeants, il partage sans détour les réussites, les galères et les leçons apprises pour entreprendre dans la tech.
1. De l’Amiga aux lignes de code : un parcours atypique
Pierre n’a pas grandi avec un clavier entre les mains. Après un bac STI et un passage raté à la fac, il se tourne vers un DUT en Services et Réseaux de Communication, puis un IUP en micro-informatique embarquée.
Grâce à l’alternance chez Siemens et un stage marquant chez Valeo, il découvre le développement applicatif… souvent en mode « débrouille totale ».
2. Les années ESN : école de la polyvalence (et de la frustration)
Chez Unilog, puis Logica et CGI, Pierre navigue entre missions en régie, projets pharaoniques et contraintes absurdes.
Il monte un centre de service qualité logicielle à l’international, apprend à diagnostiquer rapidement des bugs complexes et se forge une résistance aux délais intenables.
Mais il réalise aussi les limites du modèle ESN : pression élevée, faible contrôle sur les projets, déplacements imposés.
3. La bascule vers l’indépendance
Après un passage en startup mobile (News Republic) et chez SQLI, Pierre vit la fermeture brutale d’une jeune pousse parisienne.
En 2020, il profite d’un CSP pour créer Douze, sa société spécialisée dans la réalisation d’applications sur mesure et de prototypes pour des entreprises sans service IT interne.
Son objectif : proposer des forfaits plutôt que de la régie, afin de garder la main sur les projets et leur qualité.
4. Premiers clients, premières leçons
- Mission Cultura : refonte technique et introduction de React/React Native.
- Club de rugby pro : application mobile pour les partenaires, intégrée avec Salesforce et la billetterie.
Ces projets, obtenus via son réseau, confirment l’importance des relations professionnelles dans le développement d’une activité freelance.
5. L’année noire : 2023
Un client stratégique lui demande de démarrer un gros chantier avant signature du devis. Résultat : six mois de travail, des dépenses engagées pour des sous-traitants… et une facturation quasi nulle.
Conséquence : 7 500 € de revenus sur l’année et une entreprise proche de la fermeture.
Leçon tirée : « Plus rien sans devis signé ».
6. Rebondir avec une meilleure organisation
En 2024, Pierre met en place :
- Un archétype technique réutilisable (API serverless Azure, base de données Mongo-like, table storage haute capacité…).
- Des contrats de maintenance (forfait annuel ou enveloppes de jours).
- Une meilleure gestion des sous-traitants et du chiffrage.
7. Ce que Pierre retient (et conseille)
- Ne jamais sous-estimer le cadrage du besoin : les clients hors IT laissent souvent des zones d’ombre critiques.
- Toujours intégrer une marge pour absorber les imprévus.
- Protéger sa trésorerie : facturer rapidement, éviter les avances de travail.
- Travailler son réseau : la majorité des missions viennent de contacts, pas de prospection froide.
8. Et demain pour Douze ?
Pierre ne veut pas créer une ESN classique.
Ses pistes : développer un SaaS, renforcer ses partenariats avec des cabinets de conseil, continuer à optimiser ses process pour livrer plus vite… et surtout se payer correctement.
À retenir
Cet épisode montre que passer de développeur à entrepreneur n’est pas qu’une histoire de compétences techniques. C’est avant tout une question de stratégie, de gestion des risques et de capacité à dire non.
Un témoignage précieux pour tous ceux qui envisagent de se lancer en freelance ou de monter leur boîte dans la tech.
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